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Appréhension avant un vol PPL (Jour 48)

Appréhension avant un vol PPL

Reprise des cours après une longue période sans voler. On me demande souvent si j’angoisse avant un vol ou si je perds confiance en moi lorsque j’ai pas volé depuis longtemps. Je vais vous parler de l’appréhension qu’on peut ressentir avant un vol.

Briefing d’un vol PPL après une longue période sans voler

Je ne vais pas parler de mon vol à proprement dit dans cet article. Une remise en jambe de décrochage, virages engagés et tours de piste. Rien de bien nouveau ! Mais je t’invite quand même à (re)voir les articles précédents.
Je vais plutôt te parler de ce qu’on ressent lorsqu’on s’arrête de voler pendant une longue période. Dans mon cas, c’est lié à ma formation de Licence de Pilote Privé d’avion, mais c’est aussi valable pour les pilotes déjà brevetés.

Si tu me suis depuis le début, tu sais que je n’ai pas la possibilité de voler régulièrement. Je n’ai qu’un jour de disponible dans la semaine. Ce qui peut facilement être reporté en cas de mauvaise météo ou indisponibilités diverses. Il m’arrive donc d’avoir des pauses plus ou moins longues entre mes vols. Ce n’est clairement pas idéal lorsqu’on apprend à piloter et encore moins au début de la formation. Pendant ces pauses, une certaine angoisse ou perte de confiance en soi peut facilement s’installer.

Mon dernier vol remonte à 4 mois car j’ai dû subir une petite opération chirurgicale qui nécessitait une bonne période de convalescence. Et puis c’est bien connu, les fins d’années ne sont jamais clémentes avec le porte-monnaie.

Aujourd’hui, j’ai décidé de réserver un vol pour faire quelques tours de piste, histoire de remonter en selle et me remettre dans le bain. Mon instructeur est d’accord avec cette décision, mais il souhaite m’emmener faire un peu de mania et en profiter pour revoir les décrochages.
Effectivement, avoir les bons réflexes pour sortir d’un décrochage est extrêmement important, donc c’est une bonne idée d’aller se rafraîchir la mémoire. En plus, ce sera beaucoup plus fun que des TDP.

Avoir la boule au ventre avant le vol

DR400 virage forte inclinaison

L’aviation n’est pas une activité financièrement amicale. Nous pourrions croire que les pilotes sont des gens aisés. Mais de mon expérience et dans mon entourage, je vois surtout des passionnés qui réalisent un rêve de gosse en serrant la ceinture. J’ai discuté avec plusieurs pilotes brevetés qui me disent être stressés avant un vol, car ils ne peuvent pas voler aussi souvent qu’ils le voudraient. Ce que je peux comprendre car repartir seul, ce n’est pas rien ! Mais est-ce qu’on est obligé de reprendre un vol en solo lorsqu’on est breveté ? (J’y reviens un peu plus bas)

Dans mon cas, je n’ai aucune raison de stresser avant un vol, puisque j’ai un instructeur à mon côté. S’il y a un problème, il est là pour rattraper le coup. Pourtant il m’arrive de me mettre une grosse pression avant certain vol, surtout lorsque je n’ai pas volé depuis longtemps. Autant dire que ça arrive souvent. Mais pourquoi je me mets cette pression ?

Je suis très certainement d’une nature un peu stressée et je n’aime pas mal faire. Je suppose que c’est le cas pour la majorité des gens, mais j’imagine que certaines personnes arrivent plus ou moins à s’en détacher.
D’ailleurs c’est ce qui m’avait frappé dans le livre d’Annie Lecomte-Monnier « Ma Licence de Pilote Privé ». Cette légèreté et insouciance avant chacun de ses vols qui lui permettait de profiter pleinement des sensations.
Mais il y a aussi le fait que je n’aurai pas toujours un instructeur à côté de moi. Donc lorsque je vole en double commande, je m’applique à ne pas me reposer sur lui et faire comme s’il n’était pas là. Mais est-ce qu’il est nécessaire de me tordre les boyaux pour autant ?

Même les grands ont peur des fois…

Le dernier pilote breveté avec qui j’en ai parlé, angoissait d’une perte de confiance. La peur d’avoir tout oublié, de ne pas être serein. Pourtant il a une parfaite connaissance aéronautique et il est très sérieux. Mais sans avoir mis son derrière dans un avion depuis quelques mois, son prochain vol l’effrayait un peu m’a-t-il confié. Ce à quoi j’ai répondu : « Tant mieux, ça me parait plutôt sein que tu puisses l’admettre et que tu doutes un peu ». Lui n’était pas d’accord et me rétorque que ce n’est pas bon de douter. Mais j’ai tendance à voir les choses autrement…

Personnellement si je dois monter dans un avion avec quelqu’un, je préfère qu’il soit humble et raisonné, plutôt que trop sûr de lui et non réfléchit. Le fait que ce pilote se pose ces questions me parait sein, car pour moi, il y a un tas de possibilités qui s’offre à lui. Lorsqu’on veut reprendre le pilotage d’un avion suite à un long break on peut :

  • Partir faire de simples tours de piste (si on se sent de partir en solo)
  • Demander à un membre de son aéroclub de venir en balade avec nous
  • Refaire un vol de 30 min avec un instructeur (TDP, mania de pilotage, décrochage, …)

Pour ma part c’est ce qui s’est passé. Alors oui c’est plus évident dans mon cas car je suis encore en formation, mais les mêmes options sont valables pour des pilotes brevetés. J’ai communiqué à mon instructeur que je voulais reprendre en douceur avec quelques tours de piste. Il a été parfaitement compréhensif et a tout fait pour que je reprenne confiance en moi lors de ce vol.

Communiquer avec son instructeur PPL

Récemment un élève PPL m’a fait part d’une frayeur qu’il a eu pendant un vol d’instruction et m’a dit la chose suivante :

« Au 3ième tour de piste simulé, je n’écoutais même plus ce qu’il me disait, j’étais submergé par le stress, l’angoisse, j’avais juste envie de me poser et d’arrêter net ma formation, là, tout de suite. Je lui ai fait part de cette montée d’angoisse, il a interrompu le vol de suite, et nous sommes rentrés. »

Ça m’a rappelé un élément évident mais qu’on oublie trop souvent : Partager ses émotions avec son instructeur. L’aviation est quelque chose de sérieux et dangereux, c’est normal que les instructeurs nous poussent et sensibilisent dans ce sens. Mais ça ne sert à rien d’accumuler du stress et de l’angoisse au point d’en arriver à craquer et se demander ce qu’on fait là. L’instructeur n’est pas dans notre tête, il ne peut pas savoir comment on ressent les choses à notre place. Son rôle est de nous mettre en confiance et de nous faire évoluer dans cette discipline. Pour qu’il puisse y arriver au mieux, il ne faut pas hésiter à partager nos ressentis.
D’ailleurs sur le moment ce n’est pas toujours évident, car on se retrouve parfois tellement submergé de bonne ou mauvaise sensation qu’il faut parfois un peu de temps pour comprendre ce qu’il vient de se passer.

Facteurs Humains et gestion du stress

Selon moi tout est lié à ces fameux « facteurs humains ». Je pense que ça devrait être l’un des premier chapitre à couvrir dans le « Manuel du Pilote » (pourtant c’est l’un des derniers dans ce livre).

Dans la partie théorique du PPL, il y a un gros chapitre sur les capacités de l’être humain et surtout ses limites. En être conscient permet de savoir quand surmonter sa peur et quand dire stop ou demander de l’aide. Je trouve cette partie extrêmement intéressante car elle nous donne beaucoup d’information sur qui nous sommes.

« La meilleure protection contre le stress, c’est le savoir-faire. »

Manuel du Pilote – Édition Cépaduès – Facteurs Humains – La gestion du stress

Le Manuel du Pilote, des Éditions Cépaduès, fait aussi mention de la gestion du stress. Voici quelques-unes de leur recommandation :

  • Cherchez toujours à apprendre
  • Préparez vos vols, anticipez les difficultés
  • Adaptez la difficulté à ce que vous savez faire
  • Conservez donc les conditions d’une confiance convenable en vous-même (autrement dit, révisez)
  • Ne volez pas dans de mauvaises conditions physiques (manque de sommeil, alcool, petite forme, …)

Débriefing de L’appréhension avant un vol en avion

Je pense qu’il ne faut pas hésiter à parler avec d’autres pilotes des expériences et craintes qu’on peut avoir. Cela permet de s’entraider et passer outre ses craintes. Je vois beaucoup trop de pilotes critiquer ou juger le vol des autres sur internet. Ceux qui te récitent le manuel de vol par coeur et qui t’expliquent que tu n’aurais jamais dû faire ceci ou cela ; que c’est mal, que tu ne devrais plus jamais monter dans un avion ; que ton instructeur ne devrait plus jamais instruire de sa vie. Ahah j’aimerais voir leur vol si parfait à ces personnes-là ;).
Je préfère monter avec un pilote qui admet et partage ses erreurs comme ses doutes. Pour moi c’est un pilote qui saura tirer des leçons de son expérience et faire ce qu’il faut pour s’améliorer.

« […] Rappelez-vous que la licence dans votre main ou dans votre portefeuille, n’est pas le but ultime. Le but est d’être un pilote prudent. »

Angle of Attack – Chris Palmer – The Pilot License is NOT the Goal — 1 Minute Wings

Mon prochain vol ?

Pour ce qui est de la suite, je suis supposé faire ma Grande Navigation en Solo, seulement mon instructeur souhaite que j’obtienne mon examen théorique avant de continuer la progression en vol. La prochaine date de l’examen est le 26 février, ce qui me laisse à peine 8 semaine pour (re)bucher l’intégralité du théorique que je n’ai pas touché depuis 1 an et demi… ? suite au prochain épisode…

Coût total

  • Solde précédent : 6 788,78€
  • 43 min de vol avec instructeur  : 102,48€
  • Total : 6 891,26€

Heures totales de vol : 39h50 min
Atterrissage total : 112

6 pensées sur “Appréhension avant un vol PPL (Jour 48)”

  1. florent dit :

    Tu as tout à fait raison d’aborder ce sujet, car cette problématique s’applique à tout le monde.
    Un seul exemple, qui fait référence à la citation sur le savoir faire qui est une barrière contre le stress :
    J’ai lu récemment un rapport du BEA sur un pilote en vol VFR. Le pilote était qualifié IFR, instructeur avion, et contrôleur de son métier. Il a entrepris un voyage dans des conditions météo très limites pour traverser la france, et avec une grosse pression pour arriver à destination, à cause d’une maintenance d’avion à respecter. Mais conscient de ses capacités, il n’a pas stressé du tout, même 2 minutes avant l’accident alors qu’il était déjà en très mauvaise posture (des 360 dans les nuages à 500 pieds). Sa voix calme a contribué à son accident car les contrôleurs ne se sont presque jamais inquiété, alors qu’ils auraient pu l’aider à plusieurs reprises à sortir de la situation.
    Actuellement, j’ai mon PPL depuis 9 mois et j’ai 110 heures de vol.
    J’ai une appréhension avant chaque vol, qui s’estompe complètement une fois que j’ai fait la rotation.
    J’ai analysé ça de la façon suivante :
    Avant le vol, je pense que je stresse un peu d’oublier quelque chose pendant la préparation. La préparation, surtout sur une NAV, c’est 90% de la réussite d’un vol. Pendant l’heure avant de décoller, je me demande si j’ai oublié quelque chose (un élément météo ou autre), et j’essaye surtout de ne rien oublier avant de monter dans l’avion (enlever les flammes, avoir bien calculé mon autonomie, par exemple).
    Une fois que j’ai fait la rotation, je suis complètement dans le vol, à 100%, à tout surveiller, et je ne stresse plus, je me sens bien. Sauf quand le contrôle m’indique un trafic à 12h convergeant même altitude et que je ne le vois pas (je ne suis pas sans conscience d’un danger imminent quand-même).
    Tout cela, même si je vole toutes les semaines.
    Cependant, après une coupure plus grande, le stresse est un peu plus important. La peur de ne plus savoir, alors qu’en fait, je me rends compte à chaque fois, qu’une fois en vol, je sais toujours me servir d’un manche.
    Je pense que le stresse est bon, si on sait à quoi il est dû, si on sait qu’il est naturel, si on sait comment le gérer.
    L’autre jour, après 7 semaines sans voler, j’ai fait ma check list avant alignement. J’allais contacter la tour pour dire que j’étais prêt au décollage, et au dernier moment, je me suis rendu compte que je n’avais pas fait les essais moteurs. Ca m’a rassuré sur le fait que, finalement, j’y ai pensé quand même.

    1. François dit :

      Oui tu as raison ! Merci pour ce partage.
      D’ailleurs c’est aussi indiqué dans le manuel du pilote, un peu de stresse peu augmenter tes performances et trop les diminuer. C’est la petite dose de d’adrénalines nécessaire pour rester vigilant.

  2. MESNARD Alain dit :

    Bonjour
    Je suis pilote d’ULM multiaxes et propriétaire de ma machine qui me permet de réaliser mon rêve de gosse.
    J’ai 70 ans et totalise un peu plus de 100 h de vol comme commandant de bord (brevet obtenu à 68 ans)
    Cependant, en lisant avec assiduité le déroulement des vols et surtout les préparatifs, je retrouve moi aussi cette « angoisse » avant chaque vol. Responsable de la préparation de ma machine, ce stress est décuplé pendant la prévol, et jusqu’au moment d’être assis aux commandes . Chaque étape avant le décollage détend un peu le stress, jusqu’au moment où je suis en l’air en vol stabilisé où presque tout se décompresse. Mais il reste l’atterro…!
    Pour pallier le manque de vols pendant un certain temps, la fédération FFPLUM subventionne à raison d’1 fois par an et par pilote volontaire une « REV », ou remise en vol avec instructeur (40 €) que je ne manque pas d’effectuer car je considère ceci comme indispensable pour voler avec des proches en toute sérénité.
    Alors bons vols, sachant que le stress avant départ est générateur de sécurité.

    Alain

    1. François dit :

      Merci Alain pour ton partage ! ?

  3. Jean-Luc Coulon dit :

    Bonjour,
    Et… Euh… Tu en es où 1 an après ?

    1. François dit :

      Malheureusement une année 2020 très compliqué ! J’ai quand même passé le théorique.
      J’espère pouvoir reprendre cette année 🙂

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